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SOFT TO THE TOUCH
CD / LP33T (+mp3) / Digital (pre-order)
30.09.2013

 

 

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I KNOW I'M LATE - EP
Digital
29.07.2013

Remixes by Bertrand Burgalat, Low Sea, The Victoria's,
Mushy, Cadence Weapon.

 

 

 

 

 

 

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CD / LP33T (+mp3) / Digital

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PAS GENTILLE - EP
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Face A : Pas Gentille/FaceB: I have a friend

 

 

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JEF BARBARA « SOFT TO THE TOUCH »

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30.09.2013

Ce qu'il y a de bien avec Jef Barbara, c'est qu'il nous fait gagner du temps. À l'heure des artistes à l'âme fatiguée par trop de génuflexions devant l'autel de la peur, lui préfère ne pas nous mentir. Sans marketing bancal ni chansons orphelines, sa pop possède bien des charmes et possède dans ses refrains de quoi briser les dernières barrières. Et avec cette arrogance, cette fierté folle qui devraient être, toujours, les seules priorités d'un artiste digne de ce nom.

Jef Barbara s'apprête à offrir au monde son deuxième album, ?Soft To The Touch?, chez Tricatel encore. La tête haute, les poings fermés, un rire invisible qui flotte ici et là, des larmes également, du sperme, des étoiles parfois barbelées, du sang, des aurores qui copulent avec des trous noirs, une intrépidité et un flirt permanents avec le borderline, choisis, assumés, magnifiés, beaux comme une promesse tenue. La musique de cet Américain du Nord (Montréal) pourrait bien relever de la prophétie, du futur conjugué au présent ou du passé accordé à l'après. Pourquoi le titre ?Soft To The Touch?... Il précise: ?C'est un titre qui sonne bien et qui dénote l'adoption d'un comportement efféminé, affecté, délicat, syncopal et victorien.? Jef Barbara a écrit un disque lumineux et à l'identité inébranlable, aimable, jubilatoire. Du terrorisme dandy si l'on osait. Une pop donc, qui carbure aux stéroïdes de l'absolu. Aux tripes et au cosmos. Avec ce qu'il faut d'élégance, de raffinement et de caprices pour décoller. Haut, très haut. Loin.
Les thèmes abordés : ?L'ego artistique, l'obsession amoureuse, la rupture sentimentale, la solitude existentielle, les communications déficientes, le charlatanisme artistique, la bonne humeur, le retard chronique, les phénomènes physiologiques, le manque de confiance en soi, le fantasme érotique, les projections électorales? selon Jef Barbara. On ne compose pas de telles chansons, on ne jongle pas avec ces petites planètes avec autant de sauvagerie et de subtilité par hasard.

Après ?Contamination?, premier album sorti en 2011, il repart au combat avec ce disque ?aux caractéristiques sonores plutôt aurorales, avec un son plus live et moins séquencé.? Sur ?About Singers?, Jef Barbara invente peut-être la coldwave solaire, splendeur à la réverbération radioactive ; sur ?Chords?, Manchester n'a plus l'accent de travers, ?Soft To The Touch? dévoile une basse moite et des caresses qui claquent. ?I Know I'm Late? est un robot qui refuse d'abdiquer, sorte de ?Blade Runner? new wave jusqu'à la trogne, tube en devenir, ?Erection? bande avec brio, ritournelle rock & roll ou ballade synthétique ou les deux, peu importe, c'est imparable. ?Old Gold & Loose Diamonds? navigue entre Minneapolis et Bath et n'a pas besoin du moindre GPS pour atteindre son objectif. ?Amour Ardent? a la claustrophobie façon William Lustig, le désir qui monte, qui monte. Au compteur, une douzaine de créations et autant de raisons de se réjouir.

Alors, comment accouche-t-on de telles chansons ? ?J'ai conçu le nouvel album à Montréal en compagnie de Dominic Vanchesteing, qui a aussi réalisé ?Contamination?. Mon objectif visait à en faire un album de variétés, tout comme le disque précédent, mais cette fois-ci avec une approche plus rock et un peu moins électronique. En temps normal, l'album n'aurait pris que deux mois à finir, mais j'ai préféré étaler les sessions sur une assez longue durée afin d'en extraire les meilleurs moments et d'en faire un disque aussi varié que pensé et recherché.? Les machines carburent désormais à l'oxygène enrichi. La musique, bien sûr s'inspire de mais se refuse à tout hommage lourdingue ou copier-coller ringard. Elle veut bien se nourrir, évidemment, mais pas non plus passer encore et encore au péage de la groupie aveuglée, du tribute troupier. Barbara fait du Barbara. Il avoue, quand on le lui demande, que sur l'album, il y a quelques ectoplasmes d'importance : ?Il y a le fantôme de la chorégraphe et danseuse américaine Martha Graham, qui a dit que l'expression de chaque individu est unique et que lorsqu?elle est refoulée, elle se perd à jamais.? Il cite aussi Laetitia Sadier, qui l'accompagne de façon admirable sur le titre ?Chords?. On devine surtout que ce ?Soft To The Touch? vient d'un endroit où il n'est pas possible de sortir indemne. Jef Barbara a beaucoup creusé, donné. Il nous fait gagner du temps et ne nous laisse pas le choix.

 

 

 

 

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Jef Barbara "Contamination"

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Des mélodies précieuses mais jamais ridicules, un amour immodéré des costumes qui brillent et un talent certain pour la révolution, Jef Barbara est le nouveau Roi Soleil de la pop électronique.

Originaire de Montréal, l?homme au nom féminin a longtemps traîné ses paillettes dans les club souterrains, à la fois "partout et nulle part", tel un papillon de nuit attendant sa métamorphose. L?acte 1, ce sera la publication d?un EP en 2009 avec son premier groupe, Jef and the Holograms, suivi d?un EP concept intitulé "Barbara Blanca", où l?androgyne collabore avec le légendaire R. Stevie Moore, répétant une dernière fois la chorégraphie Flashdance de ses clips réalisés avec trois bouts de tissu. On vous conseillera au passage de visionner la vidéo de "Sébastien" -une histoire de m?urs trilatérale? où l?artiste parvient sans effort à s?insérer entre Mylène Farmer et Superman dans la mythologie des super-héros capables de troquer les complets gris du quotidien contre d?étonnants costumes moulants. Sans contrefaçon, Jef est vraiment un drôle de garçon. Et si le Jean Génie de David Bowie avait pu prendre la plume pour décrire les élans de ce jeune Canadien signé chez Tricatel, nul doute qu?il aurait fait sienne la maxime du Cardinal de Retz, ancien prophète de ce que devrait être la sainte pop quatre siècle plus tard: « on ne sort de l?ambiguïté qu'à ses dépens ». Jef Barbara a bien retenu la leçon.

Acte 2, la contamination. De ce premier album warholien où s?empilent, sans vraie logique, tristes chansons composées dans une chambre de bonne (Homme universe) et manifestes à rapprocher de Roxy Music (Flight 777), Jef Barbara dit qu'il « possède une esthétique bonbons assortis », car les meilleurs disques sont souvent ceux qui offrent la diversité. Le patchwork sonore, meilleur remède aux lassitudes. «  Les prétentions capitalistes de la corpo-pop music des années 80 m'obnubilent  » rajoute Jef, avant d?avouer avoir été hautement influencé par l?album « Faith » de George Michael, « un album pop aux accents top 40, comme si chaque titre avait pour but d'être un single radio ». Pas facile de savoir si le Canadien a choisi son nom en hommage à la chanteuse de L?aigle noir, toujours est-il que sa « contamination » contient plusieurs virus parfaits pour décorer nos années post-SIDA.

Acte 3, l?entrée sur scène. Chez Jef Barbara, le chroniqueur moderne notera tout d?abord le rimmel qui soigneusement cercle le regard tigre, puis il décortiquera un à un tous les bijoux qui composent ce premier album aux allures de trousse à maquillage. D?un côté, les Larmes de Crocodile et leur synth-pop waterproof, de l?autre, Caresses Interdites et son vernis à ongles glam, au centre, Les Homosexuelles décomplexées par un entêtant refrain. Mais si ses manies crypto-gay font de Jef Barbara un queer abîmé type Freddy mercurochrome, ne pas chercher chez ce garçon un énième étendard de la (tur)lutte : « Je ne cherche pas à devenir porte-parole ou un activiste en droits des gays. Si je suis précieux et maniéré, c'est que je trouve ça cool. » Pour celui qui désire autant être un poète éloquent qu?une pop star, la création est donc une solitude qui se partage à plusieurs, et cet hymne à la sueur qu?est Wild Boys de resserrer les liens entre nightclubbing et groove nocturne. Les mélodies de poche de Barbara, si proches mais inaccessibles, comme un art qui confère autant au divin qu'au tabou. Une sorte de plaisir transgenre. Et Lou Reed de vicieusement rajouter, « hey babe, take a walk on the wild side », pour habiller ce petit bijou pop taillé dans les chutes d?un défilé Dior.